Appel à projets 2019 – Pastoralisme et ours dans les Pyrénées

Contexte

À l’heure où nature et culture ne peuvent plus être pensées de manière dissociée, le retour des prédateurs en Europe et notamment en France questionne notre capacité à coexister avec le reste du vivant. Dans cette perspective, un enjeu majeur est de saisir comment humains et non humains interagissent dans un espace donné selon une relation qui leur est spécifique.

L’histoire de la protection de la nature s’est fondée sur différents modèles de représentation, allant d’une séparation nette entre activités humaines et nature sauvage, à leur intégration par la reconnaissance d’interdépendances socio-écologiques. Au sein des Pyrénées, les politiques publiques territoriales sont largement ancrées dans cette nouvelle conception et visent à promouvoir un développement à même de préserver simultanément patrimoines culturels, activités rurales, faunes et flores remarquables.

D’une durée de trois ans, le projet de recherche « Pastoralisme et Ours dans les Pyrénées » (POP) s’inscrit dans ce contexte et se fonde sur une première année d’étude voulue exploratoire menée en 2019 sur l’estive d’Ourdouas en Ariège. En se focalisant principalement sur 3 estives, le projet POP étudie et vise à agir sur les relations entre ours et pastoralisme au plus proche des territoires. Tout cela autour d’une démarche de recherche/action interdisciplinaire et impliquée.

Cette démarche s’intéresse plus particulièrement aux interactions qu’entretiennent pratiques pastorales et comportements des ours à l’échelle des territoires. Elle s’inscrit dans une géographie qui pourrait être qualifiée d’humanimale et vise à comprendre la diversité des relations entre humains et non-humains.

Objectifs

Le projet Pastoralisme et Ours dans les Pyrénées a pour objectif d’étudier les pratiques des hommes, les pratiques des ours et leurs interactions sous le prisme de la dimension spatiale, temporelle et territoriale afin de mieux saisir et d’agir sur les interactions entre comportement de l’ours et pratiques pastorales. Pour ce faire, il suivra principalement sur deux questionnements principaux :

Le premier s’intéresse au territoire des hommes et à celui des animaux. Comment transhumants et ours partagent-ils un même espace ? Qu’est-ce que ce partage nous apprend de leur relation mutuelle ? Peut-on identifier des zones conflictuelles ou au contraire non conflictuelles ?

Le deuxième s’intéresse plus finement à l’enjeu de la prédation et donc des mesures dites de protection (en particulier clôture et chien de protection). Qu’est ce qui est mis en place par les transhumants et pourquoi ? Comment l’ours se comportent-il vis à vis de cette protection ?

Ces questionnements ont une finalité opérationnelle d’accompagnements des différents acteurs concernés par les interactions entre ours et pastoralisme sur le terrain.

Alors que les activités de recherche devraient permettre de mieux saisir le comportement spatial de l’ours, les facteurs régissant l’utilisation de l’estive par les transhumants, et leurs évolutions spatio-temporelles, en parallèle, les activités de médiation offriront la possibilité de dépasser les positionnements stratégiques des différents acteurs pour partager la connaissance produite ainsi que penser et agir collectivement sur le territoire.

Le projet

Ce projet se déroule en fonction de deux lignes directives encadrant les actions nécessaires à la réalisation des objectifs :

La première vise l’élaboration de savoirs à la croisée entre anthropologie environnementale et écologie comportementale. Il s’agit de comprendre comment humains et ours partagent-ils un même espace et comment ils interagissent autour de l’enjeu de prédation et des mesures de protection des troupeaux mises en œuvre. Alors que des entretiens avec les membres des groupements pastoraux ainsi que des temps d’observation sur le terrain et le suivi des différentes réunions liées au projet devraient permettre de saisir les tenants et aboutissants de l’action des transhumants en lien avec le prédateur, un dispositif de pièges photographiques, l’équipement GPS du troupeau, le suivi des estives par caméra thermique, et l’échantillonnage génétique devraient quant à eux de permettre de mieux saisir le comportement de l’ours mais aussi des brebis et des chiens de protection.

La deuxième concerne tout ce qui relève des enjeux de valorisation et de médiation. Au-delà du groupe d’acteurs formant le collectif de recherche/action, l’objectif est de créer les espaces nécessaires à la mise en discussion des résultats et à leur valorisation. Le projet prévoit ainsi des sessions de restitution des résultats aux échelles locales et régionales mais aussi la mise en place d’outils d’animation tels qu’une exposition photographique, une site internet dédié et un dépliant synthétique résumant les principaux objectifs et résultats du projet.

En associant recherche, action et sensibilisation, ce projet cherche à construire une troisième voix capable d’intégrer les revendications diverses au travers d’un compromis selon lequel la réussite des uns dépend de la satisfaction des autres. Une telle ambition nécessite non seulement de repenser les interactions entre humains et nature mais aussi entre science et société.

Structure porteuse et partenaires

PARTENAIRES