FRANÇOIS ET JACQUELINE SOMMER

Sans descendance mais non sans postérité, François et Jacqueline Sommer ont eu à coeur de mettre leurs biens au service de la nature, de la chasse et de l’art animalier.

Introduction

D’une famille d’industriels du textile et de pionniers de l’aviation implantée dans les Ardennes, François Sommer (1904-1973) est à la fois pilote et chasseur. Entré en Résistance dès décembre 1940, engagé dans le groupe Lorraine, il est fait Compagnon de la Libération après de nombreuses missions.
En 1949, il épouse la journaliste Jacqueline Le Roy des Barres (1913-1993). En Afrique et dans leur domaine de Bel Val (Ardennes), tous deux se consacrent à la réintroduction des grands animaux en voie de disparition. François Sommer est à l’initiative de la création du plan de chasse et de la prise de conscience de la nécessité de créer un ministère de l’environnement.
Patron social précurseur, il met en place la participation des employés dans ses usines dès 1964 et en définit le concept.

Développer l’esprit social chez les hommes

Selon l’épitaphe qu’il a lui-même rédigée, François Sommer « a cherché à développer l’esprit social chez les hommes ». Il « s’est consacré à la mise en valeur de la nature vivante et sauvage ».

Résister

François Sommer participe activement à l’organisation de la Résistance dans les Ardennes au service de l’important mouvement « Ceux de la Libération » (CDLL) dès décembre 1940. Avec son frère, Pierre Sommer (1909-2002) il remet sur pied l’usine familiale – alors détruite à 40 % – et assure le gagne-pain de 300 ouvriers.
Incorporé le 16 décembre 1943 au groupe Lorraine des Forces Aériennes Françaises Libres, il est sous-lieutenant en tant que navigateur dans le Groupe de bombardement Lorraine. Après 53 vols de guerre, le 6 juin 1944, il participe au débarquement en Normandie. François Sommer effectue un bref passage dans l’administration de la Défense – chef de cabinet du général d’Armée Martial Valin, chef d’état-major général de l’armée de l’air (1er novembre 1944 – 11 novembre 1945) – puis retourne à la vie civile.

Développer

Entré dans l’entreprise familiale de feutre en 1925, François Sommer en prend la tête en 1945 après l’avoir reconstruite. Elle emploie alors 500 ouvriers. En 1952, Roger Sommer (1877-1955) se retire des affaires au profit de ses deux fils, François et Pierre. François Sommer devient PDG de la nouvelle S.A. Sommer. Ses choix stratégiques assurent à la laine foulée de nouveaux débouchés dans les revêtements de sols puis dans les revêtements muraux (développement de l’aiguilleté, création de Tapiflex, puis de Tapisom, de Triconfort et de Somvyl). En 1959, François Sommer intéresse ses cadres et ses employés, mesure qui culminera en 1964 (5,5 mois de salaire) puis en 1968 avec la publication de Participer.

Expérimenter

Mettre en valeur la nature vivante et sauvage

A partir de 1948, au cœur du massif forestier des Ardennes, dans leur domaine de Bel Val, François et Jacqueline Sommer réintroduisent certaines types de grand gibier décimé pendant la Seconde guerre mondiale et l’Occupation. Provenant d’Allemagne et d’Europe centrale, cerf, daims et mouflons sont les espèces ré-acclimatées avec succès. A leur instigation, un important cheptel de grands animaux se développe au sein d’un territoire constitué de prairies, de forêts et d’étangs. Le parc de Belval est inauguré et ouvert au public le 26 mai 1973.

Encadrer

En Afrique qu’il connaît depuis 1934, François Sommer fait œuvre de précurseur. Au Tchad, il propose dès 1950 la constitution de la réserve de Manda (100 000 ha). En France, la même année, il est co-fondateur de l’Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier (ANCGG), dont il prend la présidence. A son instigation, le plan de chasse est mis en place (loi du 30 juillet 1963). Lié au président Pompidou, François Sommer partage avec lui de nombreux centres d’intérêt (dont la chasse) et le reçoit régulièrement. Tous deux sont à Bel Val à la veille du discours de Chicago du 28 février 1970. Georges Pompidou y dénonce les problèmes liés au développement dans l’environnement urbain. Très impliqué dans la préservation de l’environnement, François Sommer entretient des rapports suivis avec les grands serviteurs de l’État de son époque. C’est en particulier le cas avec Robert Poujade, premier titulaire du portefeuille de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la nature et de l’Environnement (7 janvier 1971 – 1er mars 1974).