Contexte
Les éleveurs du plateau de Canjuers, plus grand camp militaire d’Europe, font face à une prédation de loups (Canis Lupus) particulièrement forte dans les limites du camp entrainant un transfert de leurs activités pastorales vers des zones perçues comme moins vulnérable (en dehors du camp). Pourtant, le sylvo-pastoralisme est un des outils forts sur lequel l’Armée compte pour garantir un entretien efficace des espaces ouverts et un bon niveau de consommation de la strate herbacée, vecteur majeur de propagation des incendies.
Dans Canjuers, les facteurs favorisant la prédation sont particulièrement forts : abondance des landes et des bois, pâturage toute l’année aussi bien diurne que nocturne, et des meutes de loups denses et réparties. Dans ce contexte difficile pour les éleveurs, les capacités de protection des troupeaux sont également affaiblies par les contraintes militaires variées.
Il risque donc de s’installer un cercle vicieux dans lequel l’aggravation de la prédation pousse les éleveurs à augmenter l’effectif de leurs chiens, ces derniers susceptibles d’avoir un effet négatif sur les ongulés sauvages, et en conséquence d’inciter les loups à se reporter sur le bétail… obligeant donc les éleveurs à mettre toujours plus de chiens. L’étude proposée sur 3 ans (débuté en 2020) et réalisée par les 34 éleveurs et groupements pastoraux, réunis au sein de l’association des éleveurs de Canjuers, vise à faire baisser le niveau de prédation des loups (Canis lupus) sur leurs troupeaux tout en limitant l’impact des actions misent en place sur le territoire.
Objectifs
L’objectif général du projet est de baisser la prédation sur les troupeaux domestiques en intervenant sur tous les aspects pour lesquels des marges d’action existent dans un contexte où il n’est pas possible d’accroître la somme des moyens de protection des troupeaux déjà mise en œuvre.
Sur le long terme cela consiste à mettre en place un suivi précis et détaillé de la prédation (notamment par l’utilisation d’outils modernes de collectes de données), l’acquisition et l’amélioration des connaissances sur les l’actions collective des chiens de protection et la diminution des conflits Homme-Faune sauvage sur l’ensemble du territoire.
Le projet
Le projet a pour but de mettre en place une combinaison d’actions qui permette d’améliorer l’efficacité des moyens de protection déjà en place et de dissuader le loup d’attaquer les troupeaux. Des actions telle que l’étude des zones de prédation sur 8 zones majeurs du territoire, l’utilisation/collecte de données GPS sur l’activité des chiens de protection et la concertation régulière des acteurs locaux….
Ces actions visent à combiner, en fonction des hypothèses développées à la base du projet, un effet sur la vulnérabilité des lieux de pâturage et sur l’adaptabilité des loups. Enfin, elles chercheront à mieux comprendre le travail des collectifs de chiens dans un contexte où l’homme est absent afin de voir les marges d’amélioration de cet outil de protection ici développé en grand nombre afin d’en assurer une meilleure maîtrise et efficacité.
Et cela car une meilleure efficacité des chiens de protection pourrait aussi limiter leur impact sur la faune sauvage dans la mesure où le projet permettra aux éleveurs de mieux identifier les rôles et les comportements des chiens entre eux et par rapport au troupeau.
Ce projet d’expérimentation en conditions réelles est fondé sur de la recherche-action. Il s’agit dans un premier temps de guider les actions à mettre en œuvre sur la base d’hypothèses scientifiques et deuxièmement d’accompagner ces actions via un dispositif d’observation et de suivi scientifique permettant à la fois d’analyser les processus en cours, d’en rendre compte et de réorienter les actions au regard des résultats obtenus, suivant en cela les principes de la gestion adaptative (Marescot 2012).
Ce projet d’expérimentation en conditions réelles n’est pas une étude isolée. Ce travail est destiné à alimenter la recherche/action sous toutes ces formes, en fonction des financements disponibles post-projet : animation auprès des éleveurs, mobilisation des outils agro-environnementaux, réalisation de chantiers de terrain, formation, communication, dans l’objectif de baisser la prédation et de limiter les impacts néfastes repérés des dispositifs de protection sur la richesse faunistique.
Structure porteuse et partenaires
Le projet est porté par l’Association des éleveurs de Canjuers en collaboration avec le CERPAM pour l’animation technique et scientifique.
De nombreux partenaires participent également au projet tel que la Chambre d’Agriculture du Var, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Var, l’Office National des Forêts, l’Office Français de la Biodiversité, la Fédération Départementale des Chasseurs du Var, …