Le cerf élaphe est considéré comme une espèce déterminante pour l’élaboration du réseau écologique national appelé Trame Verte et Bleue (TVB), dans lequel s’inscrit notamment le Schéma Régional de Cohérence écologique (SRCE) développé en région Centre. L’objectif de ce type de réseaux écologiques est de résorber les effets de la fragmentation et de l’isolement des populations, en assurant notamment le maintien de possibilités de déplacement de la faune et de la flore dans le paysage. A ce titre, plusieurs programmes ont été déployés localement pour mieux comprendre la situation du Cerf élaphe en région Centre.
Un aspect important de la conservation de la faune sauvage concerne particulièrement le maintien de la diversité génétique des populations. La diversité génétique représente en effet une sécurité face aux changements environnementaux [1-4] : une population présentant une faible diversité génétique en raison de son isolement risquerait de ne pas parvenir à surmonter une altération trop rapide de son milieu et risquerait donc à terme de disparaître. C’est en effet dans une « réserve génétique » la plus importante possible que de telles populations doivent pouvoir puiser d’éventuelles solutions adaptatives face aux modifications du paysage induites par les activités humaines [5]
C’est dans cette démarche régionale d’acquisition de connaissance sur l’état de santé des populations animales que s’inscrit la présente étude, avec l’objectif d’établir un premier état des lieux de la diversité génétique des populations de Cerf élaphe en région Centre. Ce projet est complémentaire de l’évaluation de la fonctionnalité des passages à faune déjà réalisée, en cours ou à venir.
Plus précisément, le but du projet était de caractériser les différentes populations d’un point de vue génétique, d’identifier les populations éventuellement isolées et donc à risque d’appauvrissement génétique, enfin d’identifier les éléments paysagers éventuellement responsables d’une perte de connectivité entre populations, ces derniers résultats étant à mettre en perspective avec les recommandations portées par le SRCE.
D’un point de vue méthodologique, cette étude s’est intéressée à la diversité génétique des populations à différentes échelles spatiales (européenne, nationale et régionale). Elle s’est basée sur les développements les plus récents en génétique du paysage, une discipline en pleine expansion répondant de manière efficace aux enjeux actuels de conservation, et s’est délibérément déroulée en aveugle, c’est-à-dire uniquement sur la base des données génétiques disponibles, afin de fournir des réponses objectives quant aux questions posées.