Maurice Genevoix : l’hommage de Jacqueline Sommer

En janvier 1981, quatre mois après le décès de Maurice Genevoix, la Revue des Deux Mondes publiait sous le titre  » Notre ami Maurice Genevoix », un recueil d’une vingtaine de textes envoyés par ses pairs de l’Académie française et Goncourt et ses nombreux amis, parmi lesquels Jacqueline Sommer. Cette lettre, adressée à Suzanne Genevoix, a été republiée en octobre 2020 dans le Magazine du Club de la Chasse et de la Nature (illustration ci-dessous). Nous la reproduisons in-extenso et ajoutons des liens vers l’archive complète de la Revue des Deux Mondes.

« Il y avait bien des années de cela, Maurice Genevoix avait émis le vœu de connaître la forêt de Bel-Val. Il vint accompagné de sa femme Suzanne. Les Ardennes, pour un simple observateur, sont bien loin de la Loire, « fleuve-femme qui diversifie ses séductions », de la Sologne et des Vernelles si chères au cœur de notre ami. Mais pour lui qui regarde profond […], si chaque essence est différente, ses racines puisent la vie aux mêmes commencements, aux mêmes sources. François Sommer l’avait attiré par sa fougue, son amour des hommes et de la nature, sa ténacité dans l’effort, sa fidélité en amitié. Maurice, avec pour toute arme son charme de génie enchanteur, de poète-conteur résolument réaliste, voulait – que dis-je –, éprouvait le besoin d’affronter et de pénétrer ce sanglier des Ardennes. Ces Ardennes dont la déesse ne revêt pas le contour voluptueux de la Loire mais est au contraire une guerrière farouche défendant son territoire et ses petits. Je ne devrais pas relater ici de souvenirs aussi personnels mais il est difficile de parler d’un être qui fut si proche.La pudeur des vraies amitiés se doit de ne pas trop utiliser les mots. Les œuvres de cet ami que j’évoque aujourd’hui sont d’une rare qualité humaine. Elles tranchent, tous le savent, sur notre temps et lui apportent à la fois solidité et fraîcheur,  celle de « la créativité enfantine » face à l’expérience. Loin du cadre d’écrivain régionaliste dont certains auraient voulu l’affubler, par son talent, son esprit et son cœur, il nous restitue le monde, sa vie – notre vie – enrichis et fécondés d’un apport – il aurait peut-être préféré le mot « engrais » – sain, sensible et viril.
Sachons lui dire Merci. » Jacqueline F. SOMMER

A lire : « Notre ami Maurice Genevoix », la Revue des Deux Mondes, janvier 1981

Pour en savoir plus : entretiens avec Maurice Genevoix, archives… sur Canal Académie

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