CHASSE, NATURE & SOCIÉTÉ 2040 – Lettre n°2

Voici la deuxième livraison des travaux de réflexion prospective menés par la Fondation François Sommer sur les paramètres qui vont commander l’évolution de la chasse en France d’ici 2040.

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Dans la lettre no1, nous avons passé en revue tous les paramètres qui ont trait à l’environ- nement physique dans lequel on chasse. Nous avons évoqué la question préoccupante du climat. Puis nous avons exploré les facteurs d’évolution des espaces (urbanisation, agriculture, forêts…). Enfin nous nous sommes interrogés sur la question cruciale et presque imprévisible des écosystèmes.

Nous nous attaquons, dans la présente lettre no2, aux paramètres sociétaux.

Personne ne doute que la société des hommes, dont l’évolution n’a jamais cessé depuis les temps les plus anciens, passe depuis une ou deux décennies par une phase de bouleverse- ment comme on en observe sans doute, dans l’histoire, une de loin en loin – pas davantage. Ce n’est pas seulement l’évolution des mœurs qui est en cause – bien que l’éclatement de la structure familiale, amorcé il y a une cinquantaine d’années, produise des effets dont on réalise chaque jour un peu plus l’ampleur et la gravité. Ce n’est pas non plus le rôle croissant de la problématique des déplacements de population à l’échelle mondiale, qui tourmente de plus en plus profondément la psychologie des peuples et la vie politique des nations du

Vieux Continent, qui pèse le plus lourd.

Non, c’est l’impact de la technologie numérique qui change l’homme contemporain, jusque dans ses profondeurs. On avait beau- coup philosophé sur l’arrivée des ordinateurs après la guerre. On a ensuite longuement disserté sur l’imperium du poste de télévision dans les foyers. Mais ce qui se passe sous nos yeux depuis quelques années est encore plus impressionnant. Le smartphone, que tous consultent dans les rues – sans regarder ni les façades des maisons ni les visages des passants…

Les tablettes, sur lesquelles les jeunes jouent à longueur de temps, au point d’oublier la lecture, les copains, les sorties… Les réseaux sociaux, sur lesquels on s’exprime, on discute, on lance des croisades qui peuvent recueillir un million d’adhésions en 24 heures… Tout cela nous éloigne tellement des comportements des générations précédentes qu’on hésite à formuler un pronostic sur l’avenir même proche. Où allons-nous ?

Dans ce contexte, qui peut donner aux observateurs de raison un sentiment de vertige, comment va évoluer l’attrait de la chasse d’ici une génération ? Comment celle-ci trouvera- t-elle sa place au milieu des autres activités de nature qui se développent à vive allure ? Comment les générations qui suivent celle du baby-boom d’après-guerre, qui forme encore le gros des rangs des chasseurs à ce jour, alimenteront-elles la population des chasseurs d’ici 2040 ? Comment ces nouveaux chasseurs pratiqueront-ils leur activité, compte tenu d’habitudes de vie très différentes de celles de leurs prédécesseurs ?

Ne nous affolons pas : la chasse continuera. Elle est une constante de la vie des hommes depuis des siècles. Et d’ailleurs, si elle disparaissait – pour le plus grand plaisir d’idéologues peu soucieux du réel – cela ne manquerait pas de soulever de réels problèmes.

En revanche, attendons-nous à des vents coulis qui, d’un point de vue purement humain, vont changer très sérieusement nos horizons familiers. Cela ne fait aucun doute.

Philippe Dulac
Président de la Fondation François Sommer

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